Par Solenn

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Au détour d’une ruelle discrète de Marseillan, derrière une porte en fer forgé signée par un artisan local, se cache un atelier où le temps prend une autre texture. Ici, l’argile tourne, se façonne et se transforme sous les mains expertes de François Thirion et Romain Blomme. Bienvenue chez Céramiques de Thau, là où trois générations de savoir-faire se mêlent aux nuances changeantes de la lagune pour créer des pièces uniques qui racontent le territoire. 

1. L'HISTOIRE D'UNE TRANSMISSION

François Thirion est potier depuis vingt ans à Marseillan. Ses mains connaissent l’argile comme d’autres connaissent la mer. Chaque geste est précis, fruit d’années de pratique et d’une passion qui ne faiblit pas. « La céramique, c’est un peu comme la bicyclette », explique-t-il avec un sourire, « tant qu’on n’a pas le truc, ça ne marche pas. Mais une fois qu’on l’a… » 

Il y a cinq ans, l’histoire prend un nouveau tournant lorsque Romain, son gendre, revient d’une carrière dans l’audiovisuel au Canada. La transmission du savoir-faire céramique était trop précieuse pour ne pas la perpétuer. Ensemble, ils forment aujourd’hui un duo qui allie tradition et créativité, perpétuant un héritage familial vieux de trois générations. 

2. DU BASSIN DE THAU À L'ATELIER : UNE INSPIRATION QUOTIDIENNE

Entrez dans l’atelier. Partout, des pièces en cours de séchage, des étagères chargées de créations, des outils suspendus. Et surtout, cette palette de couleurs qui fait écho au paysage : nuances de bleu-vert teintées de sable et d’ocre, comme si la lagune de Thau elle-même s’était invitée sur chaque pièce. 

« L’atelier a toujours été tourné vers le territoire. », explique François en montrant une assiette ornée d’un coquillage gravé. Le phare de Marseillan, les huîtres, les poissons, reproduits avec précision. Chaque motif est un hommage au territoire, une manière de capturer cette lumière si particulière qui baigne le bassin de Thau. 

3. L'ART DU TOUR : PATIENCE ET PRÉCISION

Regardez le tour tourner. L’argile monte, descend, s’élargit. « On va enrouler toutes nos molécules d’argile autour d’un axe vertical », explique François en centrant sa masse d’argile. C’est le geste fondamental, celui qui conditionne tout le reste. « Si on ne fait pas ce travail de centrage, on ne peut même pas faire la suite. » 

Le façonnage semble rapide quand on observe un potier expérimenté. Quelques minutes suffisent pour créer une forme. Mais c’est trompeur. « Ce qui trompe beaucoup, c’est que quand on nous voit tourner, on a l’impression que c’est rapide. Mais tout le reste après… c’est long. » Très long, même. 

Une pièce tournée aujourd’hui ne sortira du four émaillée que trois semaines plus tard, minimum. Entre temps : le séchage (qui peut prendre de 12 heures à trois semaines selon la météo), le tournassage pour affiner les formes, la première cuisson à 1000 degrés pendant 8 à 12 heures, l’émaillage, puis la deuxième cuisson à 1250 degrés. « De 1000 à 1250, on va utiliser la même quantité d’énergie que de 0 à 1000. C’est beaucoup, beaucoup plus chaud. » 

Mais Céramiques de Thau n’est pas qu’un atelier de production. C’est aussi, et peut-être surtout, un lieu de transmission. François et Romain proposent des stages de tournage pour tous les âges et tous les niveaux.  

4. L'ANCRAGE DANS LE TERRITOIRE

Cette volonté de partage s’étend au-delà des murs de l’atelier. François et Romain sont des figures incontournables du Marché des Potiers de Marseillan, qui a fêté ses 10 ans en juin 2025. 

Car ici, tout est fait main, avec cette exigence du geste juste et de la belle matière. Les émaux sont préparés sur place, testés, affinés. « On peut les acheter tout préparés, mais le problème c’est que ça fait un peu Ripolin, très uniforme. » François préfère composer ses propres mélanges, expérimenter, chercher ces nuances qui font la singularité de chaque pièce. 

Même les décors font appel à des techniques ancestrales : gravures au coquillage, empreintes de feuilles de vigne, inspirations des poteries gauloises de La Graufesenque. « Il y a 8000 ans, il y avait déjà des gens qui fabriquaient de la poterie et qui utilisaient des coquillages pour faire des décors. » 

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