Par Solenn

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Au 53 rue Jean Jaurès à Sète, derrière la vitrine de Bad Georges, se cache bien plus qu’une boutique de souvenirs. C’est l’atelier d’une créativité débridée, celle de deux artisans qui ont décidé de réinventer l’affiche touristique. Rencontre avec Christopher Dombres et Bastien Garnier, les créateurs d’une marque qui sublime la culture locale avec audace et savoir-faire. 

1. L'HISTOIRE D'UNE RENCONTRE

Tout commence en 2011 avec une affiche originale collée dans la rue Mario Roustan. On y voit un personnage ressemblant à Georges Brassens, armé d’un pistolet, sous le titre « Bad Georges ». Christopher Dombres, graphiste sétois, imagine alors un projet artistique autour de la personnalité à double face du poète : « Brassens avait dit que s’il n’avait pas réussi dans la chanson, il serait devenu un voyou », explique-t-il. Cette phrase devient le point de départ d’une aventure inattendue. 

À l’époque, Christopher réalise quelques affiches artisanales : la plage, Brassens, des références locales, mais se heurte rapidement à ses limites techniques. La rencontre avec Bastien Garnier, sérigraphe professionnel qui vient tout juste de s’installer à Sète, change la donne en 2015, lors d’un festival. « Lui, il a compris ce que je cherchais à faire. Moi, j’avais besoin d’un vrai professionnel », se souvient Christopher. 

De cette rencontre naît une complémentarité naturelle : le graphisme créatif de Christopher rencontre la maîtrise artisanale de Bastien. « On avait les mêmes idées, les mêmes objectifs. Ça nous a permis de créer ce qui est là aujourd’hui, chose que moi j’aurais été incapable de faire tout seul. » Christopher conçoit les visuels et développe les concepts, tandis que Bastien gère la production et la clientèle. Un duo où la patience de l’un équilibre le flux créatif de l’autre. 

2. UNE DÉMARCHE ARTISANALE INTÉGRALE

Chez Bad Georges, tout est « conçu et fabriqué par nous ». Cette affirmation n’est pas un simple argument commercial, c’est une ligne directrice qui guide chaque décision. 

Le processus créatif démarre toujours par l’inspiration locale. Prenons l’exemple de « Miss Macaronade », une affiche qui intrigue souvent les clients. « Mon père, avec des amis, a organisé dès la fin des années 70 des championnats du monde de macaronades », raconte Christopher. « Ma grand-mère me parlait quand j’étais enfant d’une Miss France née à Sète qui était devenue extrêmement célèbre parce qu’elle avait épousé un prince musulman, l’Aga Khan. Cette Miss France a aussi inspiré Hergé pour l’album Les bijoux de la Castafiore. » 

C’est cette alchimie, « le mélange de cette histoire incroyable et de la valorisation de la cuisine locale », qui donne naissance aux créations Bad Georges. « C’est quasiment comme ça pour toutes les affiches. Il y a une source liée à mon enfance, et ensuite des critères liés à la culture locale, à l’histoire. C’est un mélange des deux : histoire personnelle et histoire générale. » 

Une fois le visuel créé, Bastien entre en scène. Dans l’atelier qu’il dirige, chaque pièce est sérigraphiée à la main selon des techniques traditionnelles. Chaque couleur nécessite une passe spécifique, chaque produit est imprimé un à un à la racle. Ce geste artisanal garantit une authenticité et une qualité que la production industrielle ne peut égaler. 

3. UNE IDENTITÉ VISUELLE DÉCALÉE

Le logo de Bad Georges, un poulpe squelettique muni d’une tête de mort moustachue, résume à lui seul l’esprit de la marque : originalité, créativité, ancrage local. « On cherche à travers notre regard sur cette culture locale à toucher un maximum de monde, à ne laisser personne à l’extérieur », explique Christopher. 

Pour cela, ils ont choisi « une approche populaire pour les visuels, avec des références rétro pour la plupart, mais accessibles à tous ». Des références aux années 60-70 qui parlent à plusieurs générations. « Les gens d’un certain âge, même s’ils ne sont pas de Sète, peuvent comprendre de quoi on parle. » 

Parmi leurs créations marquantes, on trouve l’univers des requins : « c’est ici que les plus grands requins blancs ont été pêchés, chose que les gens ne savaient pas forcément ». 

4. ACTEURS DE LA CULTURE LOCALE

Quand on demande à Christopher de se définir en une phrase, il répond simplement : « J’espère être un acteur de la culture locale. Je ne sais pas si ça me définit, mais c’est ce que j’espère. » 

Cette modestie cache une ambition bien réelle : celle de faire vivre et de transmettre un patrimoine, tout en le réinventant. Bad Georges n’est pas une entreprise de nostalgie, mais un projet d’avenir ancré dans la mémoire collective sétoise.  

Au fil des années, la marque a collaboré avec des artistes de renom comme Robert Combas ou C215, participé à des événements culturels majeurs, du Rockstore au festival ImageSingulières en passant par le centenaire Brassens. Chaque collaboration, chaque création est une occasion de faire dialoguer tradition et modernité. 

INFORMATIONS PRATIQUES

  • Adresse : 53 rue Jean Jaurès, 34200 Sète 
  • Horaires : Ouvert du mercredi au dimanche, horaires étendus jeudi et vendredi 

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